Mon style

Je ne sais pas dessiner, je n’ai pas étudié l’anatomie, je n’ai pas fait les beaux-arts. J’ai simplement poussé la porte de la maison de mon maître et mon regard sur le monde a changé.

Comme un griot africain en me contant ses histoires elle m’a appris son art. Sa philosophie est devenue la mienne.

Comme au premier temps de l’humanité, émerveillés devant les formes que la nature nous offrait, nous avons sculpté les galets de ma Garonne natale. Nos techniques nous les portions en nous, venues du fond des âges, d’un atavisme lointain, elles nous ont aidés à tailler les pierres les plus dures.

Nous avons longtemps disserté sur les œuvres de RODIN, Camille CLAUDEL, BOURDELLE, ZADKINE, BRANCUSI, GIACOMETTI, GARGALLO et tant d’autres. Nous avons visité les expositions, les musées, les ateliers. Nous avons exposé.

Et puis, en 2004, l’année de ses 90 ans, le dernier jour de la première exposition que nous faisions ensemble, après m’avoir dit « petit, ça devait finir comme ça », elle s’est éteinte, et, comme l’écrit mon frère dans le livre qu’il lui a consacré  « un phare s’est éteint ».

Alors en transmettant à mes élèves l’enseignement de mon maître, en leur montrant les outils, les livres, les sculptures, j’essaie moi aussi de devenir un phare.

Si je peux allumer pour eux cette lumière de la curiosité, de la simplicité et de la création, alors ma vie aura trouvé un sens.

STEPHANIE m’aura permis de répondre à une grande question :

Quelle est ma mission ? A quoi doit servir ma vie ?

J’espère maintenant que tous ceux que j’ai initiés à la sculpture et à la philosophie de mon maître deviendront à leur tour des phares. Alors ensemble nous contribuerons à aider le monde à traverser les tempêtes, dans la mer démontée de nos sociétés de consommation, qui oublie notre mère nature au mépris de la vie et des hommes.

 

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Ma sculpture n'est pas le résultat d'une technique ou la réalisation d'un concept, mais l'expression simple d'un homme qui gratte son caillou avec un grand plaisir, un homme qui comprend sa faiblesse et qui demande à la pierre de l'aider à avancer sur le chemin de la connaissance de soi.

Mes oeuvres sont spontanées : pas de dessin, de modelage... la taille directe.

Sculpter c'est gravir un sommet. Lentement on avance, pénible est la progression. Mais quel bonheur, arrivé au sommet, d'avoir vaincu la matière et de la contempler avec respect et amour. Comme l'alpiniste qui s'émerveille devant le spectacle de la nature qu'il a dominée une fois, mais qu'il sait plus forte que lui.

Nous luttons avec la pierre et non contre elle. Il faut l'aimer pour qu'elle nous laisse la façonner. La création est un acte d'amour.

Didier SALVAN

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